C'est reparti, c'est le bordel, c'est l'Afrique, c'est cadeau !

Enfin quitté Nairobi et la douce quiétude d'une vie simple (DVD, repas et repos) pour la poussière, les heures de route, les bus bondés, les villes engourdies de chaleur et les paysages lunaires du nord du Kenya. Ajoutons à la liste l'incertitude de passer la frontière éthiopienne car je n'ai pas recu le visa. J'y vais donc au bluff...

 

Je change de bus à Isiolo au milieu de la nuit, et assiste à une scène surréaliste. Alors que je discute avec un policier, digne représentant de l'instance la plus corrompue du Kenya muté ici pour d'obscures raisons, celui-ci me propose gentillement de faire taire l'alcoolique qui me suit depuis que je suis descendu du bus et qui vocifére en anglais des choses incompréhensibles. Avant que j'ai eu le temps de dire quoi que ce soit, le policier assène une grande claque à notre amateur de vin de palme. Ce dernier, complètement imbibé et surement insensible, lui la retourne. Pugilat.

 

Il est 1h du matin, il fait nuit noire, j'attends un hypothétique bus en me disant que je verrai mieux d'aller me trouver un hotel à peu pret sur en observant une bonne bagarre ! Ca a le mérite de me tenir éveillé ! Je recule prudemment lorsque d'autres bonhomme se joignent au combat avec une corde et finissent pas immobiliser le soulard. Ils l'entrainent ensuite hors de ma vue et ré-apparaissent une demi-heure plus tard pour m'expliquer qu'il ne m'ennuiera plus et que je dois me sentir comme chez moi ici et ne pas avoir peur. Ben tiens !

 

Pour se détendre ils se partagent un peu de miraa, cette herbe aux vertues énergétiques dont abusent tous les hommes et particulièrement les chauffeurs, mais qui, consommée en trop grande dose, rend complétement stone. Tout s'explique : ville perdue aux portes du désert, somaliens réfugiés errants sans buts et sans espoirs, consommation permanente de miraa, le tout loin des dollars et du tourisme de Nairobi...joli tableau. Il me faut ce bus et partir vite. Je ressens le premier sentiment de malaise profond depuis le début du voyage : il me faut ce bus et maintenant.

 

Après 30 minutes debout, mon sac sur le dos et pret à toute éventualité, un matatu (bus local) défoncé se pointe, je jette mon sac à bord et grimpe, direction Moyale et la frontière. Pour un retour sur la route, je suis servi.

 

 

Pari perdu !

L'Ambassade de France m'avait déconseillé la zone frontalière et j'avais sagement fais oui de la tete en pensant que la Consul n'avait jamais du prendre un matatu de sa vie en Afrique et surement voyagé de Paris à Nairobi en classe affaires.

 

Les locaux sont super accueillants, ils sont très fiers qu'un touriste passe les voir et ils m'expliquent polimment que les conflits tribaux ne visent pas les touristes de passage et qu'en ce moment c'est très calme. Ils m'expliquent aussi que Somalie toute proche oblige, ils se battent maintenant avec des armes de guerre venues de l'ancien block comnmuniste et que cela fait plus de dégats que les arcs et lances traditionnels. Je les crois volontiers.

 

Malgré mon grand sourire, ma tenue de baroudeur et ma jolie histoire, la frontière ne s'ouvre pas pour moi...Enfin elle peut s'ouvrir si je contacte l'Ambassade de France à Addis Ababa, qu'elle transmet ma demande aux services compétents à Addis et que j'attends une délivrance de visa à distance...Ouais ouais ouais comme dirait Gilou, on va prendre l'option avion sinon je suis encore là dans 2 mois je le sens. C'est donc reparti pour Nairobi...

 

Retour en camion en 26 heures, 4 heures de break dans le coeur du désert, aux portes de la Somalie, un seul chauffeur. Sacrément efficace cette miraa quand meme !! Le chauffeur cligne à peine des yeux mais maintient le pied au plancher et les kilomètres défilent. Je passe la nuit sur les sac de mais à l'arrière, et le reste de la journée sur le toit. Vue imprenable. Nous perdons du temps à un barrage ou des policiers kenyans (Qui a dit "pourris' ??) trouvent que la photo apposée sur mon visa Tanzanien ne me ressemble pas...Sans déconner ??!! On appelle ca "beer money" mais je ne paye pas, leur sort ma carte d'identité francaise et leur explique que si la photo convenait aux tanzaniens je vois pas en quoi ca leur pose un problème. Ils trouveront du cash ailleurs pour boire un canon.

 

Le soir suivant je suis à l'aéroport de Nairobi, j'ai laché 330 dolars à mes amis de Ethiopien Airlines et α 6 heures du mat, les yeux plus trop en face des trous, je mets le pied en Ethipie après une escale en...Ouganda, tiens tiens !

 

Il ne me reste plus qu'à filer au sud pour rejoindre la frontière et boucler la partie sud de l'Ethiopie (Moyale-Addis) par la route. Aussitot dit, aussitot fait, me voila devant un bus qui rejoint Moyale en un jour et demi. Je repars direct saluer mes potes les douaniers !